Université de Liège Département de philosophie

Centre de recherches phénoménologiques

9e séminaire annuel 2015: Phénoménologie et grammaire: Lois des phénomènes et lois de la signification

Université de Liège, 4-8 mai 2015

Pour la 9e année consécutive, l'unité de recherche "Phénoménologies" (Université de Liège) organise un séminaire de recherche en philosophie phénoménologique. Le thème choisi cette année est: "Phénoménologie et grammaire: les lois des phénomènes et celles des significations".

Dans le prolongement des travaux sur l'analyticité formelle de Bernard Bolzano, la phénoménologie naissante se caractérise par une attention à la structuration du sens selon des principes purement formels qui conditionnent la possibilité même de la signification. Husserl par excellence, dans la quatrième Recherche Logique, dégage l'idée d'une grammaire pure régissant les conditions du sens possible (par opposition au non-sens) avant même qu'intervienne la question logique de la consistance (par opposition au contresens). Ce niveau grammatical s'articule autour de catégories de la signification (matière nominale, matière adjectivale...) et des lois de leur combinaison, catégories et lois qui peuvent être dégagées par des tests de substituabilité "salva significatione". Cette idée d'une structure purement grammaticale des significations est aussi explorée par d'autres disciples de Brentano comme Anton Marty, lequel prend part au débat sur la possibilité des "propositions sans sujets" dès ses articles de 1884-1896.

Or cette approche formelle de la grammaire qui a réglé l'émergence de la phénoménologie ne va pas sans poser de questions. L'enjeu du séminaire est d'interroger le type de formalisme qui est en jeu à l'origine de la phénoménologie pour en préciser les sens et en tester la longévité. La question se pose tout d'abord de savoir si l'hypothèse d'une légalité purement grammaticale est pertinente et quels rapports elle entretiendrait avec:

  1. la légalité spécifiquement linguistique liée à l'expression de ces significations dans telle ou telle langue ou même dans le langage en général. Les catégories de signification et les lois de leur combinaison précèdent-elles tout langage ?
  2. la légalité ontologique qui est celle des objets pensés à travers ces significations. Les objets imposent-ils leur structure aux significations à travers lesquelles on les pense ou, au contraire, les significations imposent-elles leur structure aux objets pensés à travers elles?
  3. la légalité phénoménale qui régit plus particulièrement l'expérience sensible (synthèses passives, etc.).
  4. Par ailleurs, on peut se demander si cette légalité grammaticale dégagée par Husserl est purement syntaxique (c'est-à-dire qu'elle se définirait essentiellement par opposition aux combinaisons de signification insensées parce que syntaxiquement mal formées comme "vert est ou") ou si elle est également sémantique (c'est-à-dire qu'elle se définirait également par opposition aux combinaisons de signification insensées parce qu'absurdes comme "le nombre 2 est vert").
  5. Outre ces questions, mériteraient notamment d'être interrogés:

  6. l'histoire des concepts de forme, de syntaxe et de grammaire (chez Bolzano, Brentano, Husserl, Marty, Bühler, etc.);
  7. la postérité critique de la grammaire pure husserlienne dans la tradition phénoménologique (Heidegger, Derrida, ...);
  8. la manière dont, en combinant les grilles d'analyse de la phénoménologie et du structuralisme (Saussure), certains penseurs (Merleau-Ponty, Sartre...) ont cherché à penser la structuration des significations ainsi que ses fondements linguistiques et anthropologiques;
  9. la postérité de la grammaire pure husserlienne dans la logique et la linguistique du XXe siècle (notamment dans les grammaires catégorielles: Lesniewski, Adjukiewicz, Bar-Hillel, Montague, Chomsky, …);
  10. les rapports que cette notion de grammaire entretient avec une notion comme celle de "grammaire philosophique" chez Wittgenstein (voir peut être aussi avec les analyses grammaticales du premier Russell);
  11. l'éventuelle extension de l'idée de grammaire (comme légalité des significations) à des champs non verbaux comme celui des images.

Le séminaire de recherche en phénoménologie est une activité de la formation doctorale, qui relève de l'Ecole doctorale en philosophie près le FNRS. Il a pour but d'offrir les conditions d'une recherche collective en accueillant des contributions originales des membres de l'URPh et de chercheurs et enseignants belges et étrangers. Il dure une semaine complète, à raison de deux à six exposés par journée.

Orateurs invités

L'assistance au séminaire est gratuite et sans inscription préalable.

Dispositions pratiques

Le séminaire se déroulera du 4 au 8 mai 2015 à l'Université de Liège (Belgique).

L'inscription n'est pas requise pour assister au séminaire. Un certificat de participation sera délivré sur demande à l'issue du séminaire, qui pourra être comptabilisé comme activité de formation doctorale (ECTS, etc.).

Les propositions de communications (titre et abstract, 700 mots maximum) sont à envoyer par courriel, pour le 15 janvier 2015, à Ch. Gauvry (c.gauvry[at]ulg.ac.be) et B. Leclercq (b.leclercq[at]ulg.ac.be), exclusivement au moyen du formulaire de soumission (doc [24 Kb] / txt [1 Kb]). Les propositions seront évaluées en aveugle par le bureau de l'URPh. L'acceptation ou le refus sera notifié pour le 30 janvier au plus tard.

L'école doctorale ne prend pas en charge les frais de transport et de séjour des intervenants "call-for-papers". Des informations sur les possibilités d'hébergement sont communiquées sur demande.

Comité organisateur

Bruno Leclercq, Charlotte Gauvry.

Contact

c.gauvry[at]ulg.ac.be - b.leclercq[at]ulg.ac.be

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