Lotze et son héritage
Journées d'étude internationales sur la philosophie de Lotze et son influence sur la philosophie du XIXe et du XXe siècle, Université de Liège, 16 et 17 décembre 2011.
Rudolf Hermann Lotze (1817-1881) a été l'une des figures majeures de la philosophie allemande au XIXe siècle. Philosophe, logicien, médecin, il a connu à son époque une renommée extraordinaire. Professeur de philosophie à l'Université de Göttingen, où il succède à Herbart, il mènera des recherches aussi originales qu'influentes. Entre idéalisme et positivisme, entre naturalisme et historicisme, sa doctrine ne s'est jamais liée ou confondue avec les courants les plus importants de son époque. Admirée et suivie, autant en Allemagne qu'à l'étranger, sa pensée a été ensuite, après sa mort, condamnée à l'oubli en raison de son supposé éclectisme méthodologique et finalement classée sous la rubrique ambiguë et maladroite d'« idéal-réalisme ». Pourtant, après Hume et avant Carnap, c'est chez Lotze que se trouve posée systématiquement la distinction entre jugements de fait et jugements de valeur. Cette dichotomie entre fait et valeur, aujourd'hui remise en question par Putnam en tant que « dernier dogme de l'empirisme », eut à l'époque une portée assez vaste sur la philosophie allemande. Il suffit de rappeler la distinction entre sciences nomothétiques et sciences idéographiques chez Windelband, différence sur laquelle s'appuie le débat — encore vivant aujourd'hui — sur la distinction entre sciences de la nature et sciences morales, esthétiques et historiques. En outre, la notion de Geltung (validité) utilisée dans sa Logique (1874) jouera un rôle tout à fait remarquable aussi bien dans la future phénoménologie que dans la philosophie austro-allemande, et même dans la révolution logique frégéenne. Enfin, il faut encore rappeler, en psychologie de la perception, l'hypothèse lotzéenne des « signes locaux » concernant le problème de la spatialisation et de la localisation des sensations.
Partagée entre nature et normativité de l'esprit — les deux pôles conceptuels de son héritage —, la philosophie de Lotze a eu une influence considérable autant sur la philosophie européenne que (c'est là un point méconnu chez les commentateurs francophones) sur la philosophie américaine.
Ces journées d'étude interrogeront la philosophie de Lotze à travers le prisme de l'influence qu'elle a exercée sur la philosophie de son temps et la philosophie ultérieure.
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Local: Salle des professeurs (ULg, Bâtiment central A1, 1er étage).
Programme
• Vendredi 16 décembre
- 10h Accueil des participants et présentation des journées.
- 10h30 Arnaud Dewalque (Université de Liège): La Geltung de Lotze et l'a priori matériel.
- 11h30 Charlotte Morel (Lycée Sidoine Apollinaire, Clermont-Ferrand) : Entre Kant et néo-kantismes: jugement éthique et jugement esthétique chez Lotze.
- 12h30 Pause.
- 14h30 Jocelyn Benoist (Université de Paris 1, Archives Husserl, IUF): La conception sérielle des concepts.
- 15h30 Maria Gyemant (Université de Liège): Sur ce que l'antipsychologisme husserlien doit à Lotze.
- 16h30 Pause café.
- 16h45 Federico Boccaccini (Université de Liège): Lotze en Amérique. Le renouveau réaliste en philosophie chez Santayana.
- 17h45 Fin de la première journée.
• Samedi 17 décembre
- 9h30 Denis Seron (FNRS, Université de Liège), Lotze et la psychologie physiologique.
- 10h30 Charles-Edouard Niveleau (Paris1- Archives Husserl): Le rôle de l'hypothèse lotzéenne des signes locaux dans la structuration du débat sur l'origine de la représentation de l'espace.
- 11h30 Fin de la deuxième journée.