Matérialités, heuristique et écologie de la recherche-création
Colloque, Université de Liège, 3-7 juin 2024.
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Ce colloque entend examiner – d’un point de vue esthétique – les liens serrés entre recherche et création, en s’attachant aux modalités concrètes de la construction de savoirs, c’est-à-dire en mettant au jour les poétiques singulières grâce auxquelles les chercheurs produisent de la connaissance. Qu’elle émane prioritairement du champ artistique ou du domaine scientifique, qu’elle soit appuyée sur des moyens artistiques ou qu’elle soit menée dans le cadre universitaire, la recherche suppose des choix formels et matériels qu’on ne prend pas toujours le temps d’examiner. On s’intéressera ici de manière rigoureuse à ce qui, trop souvent, reste négligé par les enquêtes sur les savoirs : les manières, les styles et les dispositifs matériels de travail, les préférences (et les maniaqueries) dans le choix des matériaux, le rapport des chercheurs au bricolage, aux brouillons, aux carnets de notes, aux images, le recours aux dispositifs de pensée non-linéaires (montages, atlas, séries), les rythmes et les habitudes qui définissent la temporalité de la recherche, l’incidence des conditions techniques/technologiques sur nos pratiques, les liens (parfois affectifs) que les chercheurs nouent à leurs outils, etc. Par-là, on voudrait marquer notre intérêt pour les matérialités de la recherche, pour les questions heuristiques, pour les dispositifs sensibles accompagnant le développement des sciences, intérêt appuyé notamment sur les avancées récentes du pragmatisme contemporain et des épistémologies dites « situées ». Loin d’être voyeuristes ou impudiques, ces descriptions matérielles – qui nous feront « entrer dans la cuisine » de la recherche universitaire et/ou artistique – pourront, espérons-nous, être plus largement inspirantes, donner de l’assurance et de l’énergie à celles et ceux qui prennent le risque de s’engager dans des voies alternatives.
Le défi des projets dits de « recherche-création » tient la plupart du temps à l’équilibre difficile à installer entre recherche fondamentale et appliquée, difficulté liée à des cloisonnements parfois excessifs entre des méthodes pensées dans un strict rapport d’hétérogénéité. On essaiera plutôt ici de continuer à se situer « dans l’entre-deux de la recherche-création », selon l’expression retenue pour le premier colloque organisé à Toulouse en avril 2022. De nombreux champs de la recherche en sciences humaines ont intégré ces dernières années des formes d’investigation et de réflexion mixtes, inventant non seulement de nouvelles manières – sensibles – de produire des savoirs, mais transformant surtout par là une normativité académique sinon trop uniforme (le champ écologique, en particulier, semblait appeler la mise en circulation de nouveaux moyens de faire de la recherche). On s’intéressera donc au potentiel épistémique et heuristique de la recherche-création sur le plan plus général des pratiques de savoir, en cherchant à faire apparaître les bougés de la normativité qu’ils ont permis (assumer les modalités idiosyncrasiques de l’écriture, produire des contre-récits, enquêter sur des problèmes écologiques avec des moyens artistiques, prendre appui sur les contingences matérielles, soigner la forme des documents et des images, ne pas négliger les ressources affectives, etc.).
Lieu
ULiège, Bât. L5. Rue de Pitteurs, 18
Comité scientifique
- Maud Hagelstein
- Aline Wiame
- Carl Havelange
- Laurent Van Eynde
- Ralph Dekoninck
- Sophie Lécole Solnychkine
Comité organisateur
- Maud Hagelstein
- Aline Wiame
- Charly Perrier
- Clarisse Michaux
- Marie Bonnarme
- Athanasia Vidali
- Jérôme Flas
- Timothée Moreau
- Maxime De Brogniez
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