17.00 : Clôture 1ère journée.
Place du 20-Août,7, Bât. A1 - B 4000 Liège
Sartre, Foucault et les philosophies de la finitude : Pierre
VERSTRAETEN
A partir du problème de la temporalité, développé dans Les mots
et les choses autour de la thématique du " recul et retour de
l'origine ", on montrera que Sartre - celui de la Critique en
particulier - mais également Foucault lui-même se tiennent hors du
cercle des "philosophies de la finitude". Ils échappent du même
coup, différemment forcément, aux critiques adressées à l'analytique
de la finitude.
L'actualité imaginaire de Sartre et de Foucault : Grégory
CORMANN et Daniel GIOVANNANGELI
Lorsqu'il propose, en 1984, de relire le texte de Kant consacré à
l'Aufklärung, Michel Foucault retrouve, au moins partiellement,
la lecture que Sartre faisait de la modernité baudelairienne. Une
telle proximité invite à relire le parcours philosophique de Foucault.
En quelques mots : quelle relation établit-t-il entre
l'Aufklärung, qui pose la question du présent, et la
périodisation épistémique dégagée par Les Mots et les choses,
pour laquelle Kant incarne le passage de l'âge de la
représentation et l'âge de l'homme ? A partir de cette
question désormais classique, il est possible d'interroger la
pertinence du diagnostic foucaldien selon lequel Sartre
n'aurait pas tiré la conséquence ultime de la mort de Dieu, à
savoir la mort de l'homme. Il s'agira de cerner au plus près la
portée de l'humanisme athée de Sartre. Celui-ci
échapperait ainsi à la fiction historique définissant selon
Foucault l'épistémè moderne. Reste cependant à décrire cet
affranchissement. Le texte sur l'Aufklärung accorde une
place essentielle à ce que Foucault appelle l'acharnement à imaginer.
Il s'imposerait alors peut-être de reconsidérer la critique que
Foucault adressait très tôt, dès la préface à Binswanger, à la
phénoménologie sartrienne de l'imagination.
Foucault et la phénoménologie : Juliette SIMONT
Par l'interrogation du rapport critique de Foucault à la
phénoménologie - comme figure de cet âge anthropologique dont Les
Mots et les Choses et L'Archéologie du savoir annonçaient
la prochaine disparition -, il s'agira de penser le sens de la "rupture" en philosophie. G.Lebrun, dans sa "Note sur la
phénoménologie dans 'Les Mots et les Choses'", montre comment
Foucault reste redevable à la phénoménologie jusque dans la façon même
par laquelle il s'en détache. Nous poursuivrons dans cette direction
en centrant autant que possible le propos sur Sartre comme
représentant de la phénoménologie et sur ce que lui-même dit de
Foucault.
Modernité littéraire et Terreur : Benoît DENIS
Engagés à des degrés variables dans une réflexion portant sur
l'évaluation des pratiques esthétiques, Sartre et Foucault partagent
en particulier un intérêt commun pour ce qu'il est convenu d'appeler
la modernité littéraire. L'objet de cette intervention consistera à
confronter les valeurs et fonctions que les deux auteurs attribuent à
la littérature, en prenant pour levier les rapports qu'ils établissent
entre le fait littéraire moderne et la Terreur politique, selon la
proposition énoncée en 1941 par Jean Paulhan dans un essai fondateur,
Les Fleurs de Tarbes. Se demander si le paradigme littéraire
moderne entretient certaines connivences avec l'idéologie de la
terreur revient en effet à chercher à penser la modernité esthétique
dans ses composantes essentielles : son rapport au langage, d'une part
; son mode d'existence en régime de démocratie libérale d'autre part.
Autant de terrains sur lesquels les pensées de Sartre et de Foucault
se sont déployées et à la croisée desquels se définit leur engagement.
Politiques de l'histoire : Didier ERIBON
Quinze ans à peine séparent la Critique de la raison dialectique de
Surveiller et punir. Mais dans ces deux livres, ce sont deux manières
radicalement différentes de penser le rapport de la réflexion
théorique à l'histoire qui se donnent à lire. Et ce sont deux figures
différentes de l'intellectuel engagé qui y sont investies.
Histoire et devenir selon Sartre et Foucault : Florence
CAEYMAEX et Géraldine BRAUSCH
Qui sommes-nous aujourd'hui ? Poser la question de notre actualité
implique la détermination du sens de l'historicité. La comparaison
entre Sartre et Foucault depuis ce point de vue nous amènera d'abord à
établir la généalogie du concept d'histoire, élaboré à partir de
paradigmes différents chez les deux philosophes. Elle nous permettra
ensuite de mettre en évidence les conséquences divergentes de ces deux
conceptions sur la manière de penser et de saisir le présent.
Fondement et technologies de désignation des 'surnuméraires'
: Mathieu BIETLOT
Dans le monde actuel, de plus en plus d'individus sont "de trop",
considérés comme inutiles (pour le système de production) ou
indésirables (pour l'ordre social). Foucault s'est continuellement
intéressé aux dispositifs de désignation, définition, production et
traitement d'individus jugés par un ordre social comme autres,
anormaux, dangereux, indésirables (lépreux, vagabonds, fous,
criminels, pervers...). Pour sa part, Sartre a montré comment, dans
une situation de rareté, chaque société se définit par la
détermination de ses excédentaires, "le choix inerte et stratifié de
ses morts". Aujourd'hui, ce n'est plus la rareté des biens vitaux
mais la rareté des places (emploi ou position socialement reconnue)
qui organise la socialité et l'impossible coexistence de tous. Pour le
dire simplement, Sartre nous aiderait à comprendre le fondement de la
désignation et ségrégation des surnuméraires, tandis que Foucault nous
aiderait à en comprendre la technique. C'est dans cette perspective
qu'il nous semble fécond d'articuler les pensées de Sartre et Foucault
afin d'aborder une question d'actualité.
Êthos philosophique et actualité : Edouard
DELRUELLE
En définissant les Lumières comme un êthos - un style, une
manière d'être -, et non exclusivement comme une politique, Foucault
opère un déplacement philosophique qu'il s'agit d'identifier. Comment
comprendre, en particulier, la tâche dorénavant assignée à la
philosophie de "problématiser une actualité" par rapport à laquelle il
convient à chacun de "se situer" ? La confrontation avec Sartre
permettra sans doute d'éclairer, fût-ce a contrario, le projet
foucaldien d'une ontologie critique de nous-mêmes.
Foucault et la guerre : Frédéric GROS
Le problème de la guerre a constitué dans la philosophie de
Foucault une part à la fois importante et assez strictement délimitée
: de 1971 à 1976. Nous voudrions déplier un peu cette thématique :
comment la guerre sert à Foucault de grille de lecture pour aborder
non seulement le problème du pouvoir mais aussi (et surtout) de la
vérité ; quels sont les effets théoriques de cette perspective au
niveau d'une théorie du pouvoir et de la vérité, mais aussi d'une
pensée de la guerre ; en quoi enfin ces études permettent un
"diagnostic du présent" pertinent.