ULg - Séminaire d'épistémologie 2006-2007

1) Un premier champ d'investigation est la nécessité même d'une différenciation entre la fiction et la réalité. Cette différence a-t-elle une véritable pertinence épistémologique? Ou bien ne faudrait-il pas plutôt voir dans la "réalité" que donnent à voir les sciences quelque chose comme un modèle plus simple ou mieux adapté? La nécessité, dans une culture donnée, de reconnaître quelque chose comme réel ou comme fictif serait-elle, en définitive, quelque chose de relatif? La notion de "réalité" ne serait-elle pas une notion davantage pragmatique, qui s'expliquerait mieux par l'existence d'"effets de vérité"? Ou bien, si la distinction du réel et du fictif est universellement pertinente, sur quel critère repose-t-elle? La différence entre fiction et réalité a reçu un certain nombre d'interprétations différentes dans les domaines de la philosophie, de la littérature et des sciences. Le séminaire a aussi pour but de mettre en lumière ces interprétations.

2) Une deuxième série de questions concerne le rôle joué par la fiction dans la méthodologie ou dans la pratique courante de nos disciplines. Quelle est la différence entre le récit du romancier et celui de l'historien ou de l'archéologue? La démarche interprétative de l'historien, du philologue, de l'archéologue, etc., n'est-elle pas fondamentalement de nature fictive? L'interprétation d'un texte littéraire, d'une œuvre d'art, d'un document quelconque, la reconstitution d'un environnement ou d'un événement historique, ne sont-elles pas, à leur manière, des actes de fiction? Mais, si c'est le cas, ne faudrait-il pas préciser en quoi ces "récits" qui prétendent à la scientificité ne sont pas des fictions parmi d'autres? Par ailleurs, on s'intéressera aussi au fait que la prétention à la vérité et à la réalité n'est pas exclusive des sciences, et qu'elle est également caractéristique de certains courants littéraires et artistiques.