UNIVERSITÉ DE LIÈGE
Faculté de Philosophie et lettres
Année académique 2005-2006
Séminaire
"Épistémologie et méthodologie des disciplines de
Philosophie et lettres"
(tronc commun du D.E.A. en Philosophie et
lettres)
PROTOCOLE
Le thème du séminaire sera, cette année : La question de la vérité dans les disciplines de la Faculté de Philosophie et lettres.
Au cours des premières séances du séminaire, nous nous emploierons à préciser et à affiner un certain nombre de distinctions classiques concernant le concept de vérité: vérités temporelles et vérités intemporelles, contingentes et nomiques, problème des futurs contingents, etc. On se demandera aussi en quel sens on peut envisager, à côté de la vérité théorique, une vérité pratique ou dans le domaine moral.
Le travail de définition occupera une part importante du séminaire. Traditionnellement, la vérité est définie comme une relation d'adéquation unissant des énoncés à des objets du monde. Cette définition de la vérité coexiste avec un grand nombre d'autres définitions, qui d'ailleurs ne l'excluent pas forcément. Par exemple on considère souvent, dans certaines sciences "dures" comme la physique, que la vérité est synonyme de pouvoir prédictif. Une hypothèse apparaît vraie quand elle "se vérifie" expérimentalement. Mais ces définitions restent-elles valables dans le domaine de disciplines comme la philologie, l'histoire, le commentaire textuel? Une connaissance historique, une interprétation d'un texte littéraire sont-elles "adéquates" à leurs objets? Et quels sont au juste leurs objets? Peut-on par exemple se représenter la réalité historique comme un ensemble de faits indépendants de l'observateur, que celui-ci devrait restituer "fidèlement"? Que signifie la "fidélité" au texte, à la réalité historique? Qu'est-ce que l'objectivité historique, la justesse d'une interprétation? En outre, des prédictions (nomologiques ou non) sont-elles possibles dans nos disciplines? Certaines sciences humaines, par exemple la linguistique historique, ne sont-elles pas prédictives? En un mot, il s'agit de voir ce que signifie la vérité dans nos disciplines, mais aussi, exemplairement, si le mot "vérité" est univoque pour les "sciences exactes" et pour nos disciplines.
À cette première série de questions se rattachent directement d'autres difficultés qui ont trait, de manière générale, aux critères de vérité. Comment et sur quelle base peut-on décider si une interprétation littéraire est "correcte"? De quel côté faut-il chercher la vérité interprétative? Est-ce du côté de l'auteur, du côté du texte lui-même? Sur quelle base l'historien peut-il discriminer entre plusieurs interprétations d'un "même" fait, évaluer leur écart par rapport à la réalité historique, juger une interprétation tendancieuse, partiale, etc.?
L'importante question de la relativité culturelle, psychologique, etc., de la vérité représentera une autre orientation de recherche. S'il semble insuffisant de se représenter la vérité sans plus comme une propriété consistant à refléter fidèlement la réalité, en quel sens et jusqu'à quel point la vérité serait-elle, au contraire, un produit? N'arrive-t-il pas fréquemment que la vérité, au moins dans une certaine mesure, soit moins révélée ou découverte que générée par les conditions de vérification elles-mêmes?
Ces considérations d'ordre épistémologique ne représentent évidemment qu'un aspect de la problématique de la vérité. Ainsi on peut se demander en quel sens l'image, et exemplairement l'image photographique, peut être "vraie". On réfléchira aussi sur la question de la vérité littéraire. Que signifie-t-elle et quelle instance peut la garantir? Nous serons ainsi conduits à nous interroger sur les rapports unissant, très généralement, la vérité au langage et aux conditions d'énonciation.
Programme du séminaire 2005-2006
Renseignements : Denis Seron - Laurence Bouquiaux